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C'est mon jour d'indépendance


Jusqu'où est-on capable d'aller pour changer le cours des choses ?
Affiche c'est mon jour d'indépendance

Angèle est aide-soignante, elle s'occupe des petits vieux, ses « fidèles abonnés ». Après des années de vie quotidienne sage et bien réglée, la jeune femme se rend compte qu’elle a oublié de vivre, comme dirait Johnny.

 

Il est grand temps pour elle de ne plus subir les carcans sociaux et familiaux et de larguer les amarres. La voilà donc décidée à emprunter un nouveau chemin, chemin pour le moins inattendu. Et il lui reste une heure pour dire tout ce qu'elle n'a jamais exprimé auparavant.

 

Entre deux Martinis et quelques confidences, Angèle se raconte, interpelle le public, le prend à témoin et l’embarque dans un récit intime qui touche à l’universel et à l'essentiel.

 

Dans une langue à la fois brute, naïve et poétique, le texte de Stéphanie Marchais fait ressortir tout le tragique de la condition humaine. Mais c’est aussi un véritable cri du cœur, un hymne à la vie.

 

Public :  à partir de 12 ans

Durée : 75 minutes en salle, 60 minutes ailleurs (rue, bistrot, chez l'habitant...)

 

Texte : Stéphanie Marchais (éditions Quartett)

Interprétation : Steph Soudais

Mise en scène : Agnès Jobert

Création lumière : Cassandre Germany

Construction marionnette : Daphné Gaudefroy

Production : Poisson Pilote (Nantes)

Soutiens et accueils en résidence : Théâtre Lila (Nantes), Théâtre du Cyclope (Nantes),

Théâtre Francine Vasse – Les Laboratoires vivants (Nantes)

Extrait

 

Un jour Madame, elle ne devra plus rien à personne Angèle, elle aura payé sa dette et pourra enfin vivre sa vie.

Un jour Madame, elle poussera sa mère dehors avec toutes ses miettes et ses vérités, même à 95 ans s’il le faut, y’a pas d’âge pour faire ses poussières.

Un jour elle ne sera plus empêchée Angèle et fera ses valises, sans prévenir personne rien pas une carte postale non mais !

 

J’étais une enfant calme et unique savez-vous, qui lisait beaucoup et parlait à ses poupées.

Mes filles, je ne les coiffais pas, je ne les vêtissais pas, je ne les bisouillais pas mais je les tapais dans les coins du lit exprès pour les abîmer.

Après je les soignais et les bandais à l’endroit du cœur, c’est tendre et frais. J’aurais voulu être chirurgienne pour réparer les gens en morceaux, mais j’avais pas les capacités a dit ma mère, j’étais pas bien douée a dit Thérèse qui savait ce qu’elle disait, alors à la place j’ai fait aide-soignante, c’est pas mal non plus niveau dextérité j’ai pas mon pareil pour trouver une belle veine, mais zut à la fin ça n’a pas le même prestige que chirurgienne socialement parlant !

Ça m’aurait bien plu quand même quand j’y pense, mais j’avais pas les capacités a dit maman, alors on finit par devenir les mots définitifs qu’on vous répète sans cesse et c’est bien chagrinant d’être trahie par sa langue maternelle.

 

J’ai soif.

 

C’est mon jour d’indépendance aujourd’hui je suis lasse et j’ai soif.

 

Offrez-moi à boire Madame, vous permettez je m’assois parce que je fatigue debout toute la journée à faire des piqûres et des prises.

Visionner d’la fesse.

 

Un martini blanc.

C’est bien rafraîchissant, ça s’avale comme l’orgeat de ma grand-mère l’été sous le parasol, je croquais les glaçons j’avais mal aux dents, je rigolais en tirant ma langue toute piquée de points blancs.

Thérèse me disputait, elle tape dans les boîtes celle-là elle disait et moi je répondais, j’avais de la répartie à cette époque parce que j’étais jeune et sans peur, sacrée Thérèse non mais !

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